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Pour qu'un enfant grandisse, il faut tout un village

dimanche 2 décembre 2007

les "Pieds Noirs"? une diversité de provenance

La naissance d'une communauté : les "Pieds Noirs"? une diversité de provenance
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http://gw.geneanet.org/kami
http://roussilhes.issu2.com
E-mail : croussilhes@gmail.com


1830 -1900

Après le débarquement français à Sidi-Ferruch en 1830 des émigrants de métropole ont suivi l'armée. Comme le voulait Bugeaud, les laboureurs vont remplacer les soldats. La nouvelle communauté grandit lentement.
Début 1840, hors l'armée 11 900 européens occupent déjà l'Algérie : dont 5000 français (des aventuriers, des spéculateurs, des déserteurs, des cabaretiers, des prostituées, ?).

Les colons ? Ils sont à peine 2500 : ceux que l'on a appelé les "colons en gants jaunes", légitimistes qui, après avoir refusé la monarchie de juillet, sont investi dans les meilleures terres, et les autres, pauvres bougres qui rentreront pour la plupart en France aussi pauvres qu'ils l'avaient quitté !

Entre temps, ceux-là auront connu les marécages où l'on s'embourbe, les ronces impénétrables, l'hostilité des terres, les pillages incessants, les agressions nocturnes, les constructions promises jamais obtenues, les concessions qui n'en étaient pas, déjà occupées ou vendues en multipropriétés, la sécheresse, le froid et les sauterelles, la malaria, la dysenterie, et le paludisme enfin, qui en 1837 en feront périr plus d'un tiers.

10 ans de sacrifices et d'efforts, 10 ans de souffrances pour un retour prématué... déjà "une main devant et une main derrière".

Dans les premiers villages, les pionniers luttent contre un environnement hostile : calamités naturelles, voleurs qui s'attaquent aux récoltes et algériens musulmans réclamant ce qui leur est dû.
L'image de l'Eldorado promis brouille devant leurs yeux.
Pour renforcer la colonie, il faudra les déportations successives des républicains hostiles à Louis Philippe puis à Napoléon III. La France envoyait ainsi les éléments "dangereux" en Algérie " il s'agit plus de balayer les rues de Paris que de coloniser l'Algérie"

1839 : le ministère de la guerre a officialisé ce qu'on appelait les territoires du Nord d'Afrique. Ils porteront désormais le nom d'Algérie.

Outre l'armée et les colons français, des recrues étrangères sont venues donner au pays un aspect baroque et cosmopolite.

Les espagnols se sont installés à Alger, autour de la Bassetta, et à Oran dans le quartier de la Blanca.
Les mahonnais (originaires de Port-Mahon aux Baléares) ont choisi Constantine et l'est du pays.
Les siciliens et les napolitains, les piémontais ont peuplé la Calle et Bougie.
Des prussiens, fuyant le Palatinat ont échoué à Dublineau en Oranie, et à Penthièvre près de Bône
Des suisses et des allemands sont venus à Dely Brahim et à Kouba.
Des soldats laboureurs ont colonisé Siddi-Bel-Abbès, Teniet El-Hadj et Médéa.

Sol, climat, épidémies, les pertes sont nombreuses, beaucoup renoncent :
De 1842 à 1846 : on dénombre 198 000 arrivées/ 118 000 départs et plus de morts que de naissances. -

En 1842 : 90 des 300 habitants de Boufarik meurent de paludisme
À Marengo, 250 sont décimés par le choléra

En 1847, la population européenne d'Algérie comptait plus de 110.000 européens, dont 47.000 français, parmi lesquels 15.000 colons ruraux (12%)
Des capitalistes : quelques gros demandeurs qui obtinrent de grandes concessions, des subventions de l'État, l'exécution de travaux financés sur les fonds publics, à charge pour eux d'installer sur les établissements ainsi créés des familles européennes et de fonder des villages.
Des petits colons : détenteurs de concession de 4 à 12 hectares, tributaires de l'administration pour l'octroi de prêts et de matériel, parfois assignés au rôle de métayers des grands concessionnaires. Les conditions souvent misérables dans lesquelles ils vivaient en faisait une proie désignée pour les maladies, dues à l'insalubrité du climat.

La vocation agricole de l'Algérie se précisa lentement. Les agriculteurs français s'inquiétaient de la production céréalière algérienne, de la culture d'olivier et de la vigne qui risquait de les concurrencer.

La majorité de la population européenne restait citadine :
Alger s'affirmait comme la Capitale Administrative, Oran, comme centre commercial et ville européenne, Constantine demeurait ville indigène.

Voir l'histoire des villes : les migrations

En 1848, le peuplement officiel de l'Algérie a démarré avec la création de 42 "colonies agricoles" dont Saint Cloud, Saint Leu et Sainte Barbe du Ttetlat en Oranie, Castiglione, El Affnoun et Marengo dans l'algérois, Jemmapes, Mondovi et Guelma dans la province de Constantine.
À Mondovi, on dénombre 250 victimes du paludisme.

Dès les années 40 arrivèrent les premiers voyageurs.

À la fin du 19è siècle, l'Algérie se construit sur des barriques de vin. Depuis que le vignoble français a été détruit par la phylloxéra, la vigne, de ce côté de la méditerranée a remplacé le blé. Parallèlement le régime civil s'est substitué au régime militaire.
L'argent prédomine sur le sabre : on ouvre le crédit, on encourage les grandes exploitations, on en appelle aux investissements privés.

La III è République gère l'Algérie Coloniale.
C'est une véritable fièvre de création qui s'empare alors du pays.

- Entre 1871 et1895, 248 villages sont crées pour des colons venus de l'Aveyron, de l'Ardèche, des Hautes Alpes, de la Drôme, de l'Isère.

Des habitants de Menton se sont installés à Abbo dans la vallée de la Sébaou
La colonisation officielle s'adresse ensuite aux paysans du Sud de la France ; Les corses en particulier constituent en 1896 le contingent régional le plus important.
Des Corses ont fondé Sidi Merouane près de Ténès
Des Bretons ont crée Herbillon entre Philippeville et Bône
Puis viennent ceux des pyrénées Orientales, des Hautes Alpes, de la Drôme et du Gard.
Des natifs du Var sont venus explorer les mines de Gouraya près de Cherchell
Des Alsaciens-Lorrains ont peuplé Haussonvillers, Bou-khalfa d'Alsace, Camp du maréchal, Rouffach ou la Robertsau. Le traité de Francfort qui enlevait l'Alsace et une partie de la Lorraine à la France amène plusieurs milliers d'Alsaciens fidèles à chercher au sud de la méditerranée des terres nouvelles à exploiter. Les noms des villages créés en Algérie jalonnent cette page d'histoire : Strasbourg , Belfort, Kléber.

Tous vont devenir les fils dévoués de cette Algérie, resplendissante de beauté dépouillée des rivages méditerranéens.

Sur cette terre, ils sont le sentiment de se retrouver en pays connu :
Le vigneron de l'Aude dans les plaines de Bône, le paysan Bas Alpin en Kabylie...
Celui du Haut Languedoc sur les plateaux de Siddi Bel Abbès ou de Sétif.
Ces méridionaux français vont rencontrer d'autres émigrants du bassin méditerranéen.
Poussés par une misère plus grande encore, apparaît en effet tout au long de la fin du 19è s. la vague d'émigrants des rivages méditerranéens.

les Espagnols d'abord près de 35.000 en Algérie dans les débuts de l'arrivée française en 1849. En 1886, ils sont près de 160 000 a avoir quitté l'Espagne et constituent de véritables fiefs en Oranie spécialement.
En 1851 Arzew par exemple comprend 700 espagnols pour 170 français.
En 1911 dans toute l'Oranie on compte 95.000 français d'origine, 92.000 espagnols naturalisés français, 93 000 espagnols resté étrangers.
Longue aussi est l'histoire qui lie les Italiens et l'Algérie. En 1886 : 35.000 Italiens sont regroupés principalement à Bône et Constantine.
Enfin, les maltais qui vont répondre à l'appel du colonisateur et se retrouver dans un pays qui ressemble étrangement au leur.
En 1886 on compte 15.550 maltais répartis dans l'est, à Bône surtout et dans les villes portuaires, à Alger notamment où ils feront du quartier des Taggarins leur territoire.

En Algérie, ces émigrants reprennent leurs activités d'origine :
Maraîchers et journaliers espagnols qui s'enracinent en Oranie ;
Maçons italiens dans l'est
Chevriers, boutiquiers maltais
La difficulté d'accès à la terre refoule la plupart d'entre eux vers les villes où ils s'installent.
La loi du 26 juin 1889 impose la citoyenneté française qui "naturalise automatiquement tout étranger né en Algérie s'il ne réclame pas à sa majorité la nationalité d'origine de son père".

En 1886, on compte 219 000 français et 211 000 étrangers
En 1896 : 318 000 français (dont 50 000 naturalisés) et 212 000 étrangers
À partir de 1896 le nombre d'européens nés en Algérie 'emporte sur celui des émigrés
En 1896, après naturalisation des juifs par le Décret Crémieux, des Espagnols et des Italiens le sont automatiquement par naissance dans le pays,
La population française de l 'Algérie s'élève à près de 310 000 habitants.

... Moment qui voit donc la naissance d'un peuple original sur la terre d'Algérie, véritable brassage méditerranéen.

Les hommes de toute provenance - France ou Europe du Sud - souvent jeunes, qui se lancent dans l'entreprise de colonisation s'installent d'abord aux environs d'Alger et dans la bande du Sahel

En 1838 , un centre d'agriculture voit le jour près du camp permanent de BOUFARIK : 562 lots de culture d'un tiers d'hectare sont constitués
è l'administration crée plus de 197 villages, peuplés en 1882 de 30 000 habitants, dont près de la moitié sont recrutés sur place.

L'Algérie pourtant n'est pas tout à fait pacifiée : des révoltes ont lieu ici et là, liées à la détérioration de l'économie indigène accablée par la suppression des droits d'usage et la lourdeur de la fiscalité.

En 1881, c'est la sécheresse, la famine et les incendies qui ravagent le pays et font des milliers de morts.

En 1887, c'est une invasion générale de sauterelles puis le choléra et le typhus qui déciment la population.

Mais la grande nouveauté en cette fin de siècle, c'est le Sahara, cet énorme désert de plateaux pierreux où des caravaniers entretiennent des relations lointaines avec le Continent noir où justement la France s'installe, à Dakar, au Soudan, ou rêve de le faire Tombouctou et au Tchad.

Après la défaite de 1870 on a déjà imaginé une voie ferrée transsaharienne qui souderait les possession françaises.
> une première expédition formée de 500 hommes a tenté le passage en 1881, elle a été massacrée.
> Plus tard, Laperrière et ses troupes affrontent les touaregs à Timimoun, en plein été, en plein midi, à 50° sous un soleil de plomb. Nouvel échec mais à chaque fois, on pénètre un peu plus à l'intérieur de ce désert où les Pères Blancs, ces soldats du Christ affrontent les marabouts et les pillards.

- En 1889, on fonde El Goléa
- En 1900, on prend In Salah

Dès 1930

À la veille du centenaire de la colonisation, en 1930, certains centres de colonisation rurale ont végété , comme dans la Région de BATNA, mais d'autres ont grandi et sont devenus de gros bourgs : Aumale, Nemours, Michelet, Lafayette, ? Gros villages aux noms de généraux, politiciens, savant ou poètes.

Les centres connaissent un grand dynamise grâce à la vigne? toute nouvelle aventure.
La surface des vignobles utilisés par les européens qui étaient de 15 000 hectares en 1878 passe à 167 000 en 1903.
Le blé continue de se développer comme culture de spéculation.

Cependant, à la question (voire l'affirmation) : "tous des nababs les pieds noirs", on répond que dans un pays neuf comme l'Algérie, comme dans tout pays neuf, des fortunes d'édifient? considérables, assises sur la terre et la mer, le vin et le blé. Certes, mais il ne faut pas amalgamer comme le font beaucoup aujourd'hui encore ces colons fortunés à toute la nouvelle communauté.
Prendre par exemples les familles très modestes, voire pauvre de gens connus ou inconnus. Qui non seulement n'avaient pas grand chose en Algérie, mais qui sont repartis sans rien !

En 1930 la réussite de l'Algérie est évidente. La population européenne n'a cessé de progresser.
En 1926, elle est de 833 000 habitants (657 000 français et naturalisés - 176 000 étrangers):

dont 160 000 pour Alger, 4ème ville de France, qui, grâce à ses administrations et à son université demeure un véritable pôle d'attraction.
avec 150 000 habitants dont 125 000 européens, Oran est en plein essor
Constantine, 3è mégalopole régionale, reste avec 88 000 habitants, une ville à 80 % arabe.
Quant aux musulmans, ils sont 5 148 000 en grande partie des ruraux dont la participation à la vie administrative est relative. 100 000 d'entre eux, en provenance de Kabylie notamment ont déjà franchi la méditerranée pour servir de man?uvre dans les usines parisiennes et les mines du Nord de Lorraine.

La plupart des localité, Arzew, Nemours, Mostaganem, Bône et Philippeville doivent leur développement à leurs ports qui apportent chaque année 715 000 tonnes de phosphores et 1,5 million de tonnes de blé.
D'autres comme Bougie, comme Beni-Saf ont bénéficié de l'activité minière, le fer en Oranie, le phosphore dans le Constantinois.


Certes l'Algérie comme la France métropolitaine vit des moments difficiles, avec l'échec du Front populaire, le spectre de la guerre, la crise économique et la grève générale auxquels s'ajoutent ici, après de terribles inondations, une année de sécheresse et de famine.
"on ne doit pas mourir de faim sous le drapeau français" titre la dépêche algérienne "la voix des nationalistes musulmans".


Alger attire les paysans du Bled : le 1er congrès musulmans se tient le 6 juin 1936.
Il est suivi le 2 août d'un grand rassemblement populaire au cours duquel Messali Hadj, le fondateur de l'Étoile Nord Africaine, le père du nationalisme algérien est acclamé.

En Europe, l'idéologie allemande fait entrevoir la guerre...

Entre la fin de la 1ère guerre mondiale et les premiers "coups de feu" de novembre 1954, s'enracine durablement leur sentiment d'appartenance à un pays : l'Algérie